25déc. 2017

BRUME EN DECEMBRE, FANTOME EN MAI

 

I want to call you my Boo

« - Tu veux lire mon scénario ?
   - Laisse-moi deviner. Il ne se passe rien, et les personnages racontent n’importe quoi. »

Je vais chercher mon fils le petit. Il fait nuit, il pleut et j’ai froid. Nous nous l’échangeons sur une aire d’autoroute, un week-end sur deux. Il y a une brume épaisse partout autour de moi. Elle gomme les angles du paysage, mais cela ne suffira pas. Je traverse le 3ème village. Ici, on te souhaite de Joyeuses Fêtes, mais uniquement à l’aller, au retour tu peux juste aller te faire foutre.
Cela pourrait me faire pleurer, mais curieusement je souris. La brume devient de plus en plus épaisse. Alors pour me donner du courage, je plisse les yeux et je décide de faire mentalement l’inventaire de tous les cow-boys que je connais :

Le cow-boy amateur d’art de Glen Baxter
Le cow-boy à poil du Tampographe Sardon
Le cow-boy Le Bon, joué par Clint Eastwood
Le cow-boy efféminé qui danse dans Lonesome Cowboys d’Andy Warhol
Le cow-boy minuscule caché dans la culotte de La fille de Christophe Blain
Le cow-boy un rien désagréable dans M Train de Patti Smith
Le cow-boy sérigraphié sur le mug que Jeffrey m’a ramené d’Austin, Texas

Puis, je me suis posé la question : Y a-t-il un cow-boy dans les livres de Richard Brautigan ?
De retour chez moi, en bonne névrosée obsessionnelle que je suis, j’ai ressorti tous mes Brautigan à la recherche d’un cow-boy. J’ai relu Retombées de sombrero en entier et dans le sens de la lecture et des tas de poèmes. J’ai aussi retrouvé Boo, Forever et Kafka’s Hat.
Alors, j’ai commencé à répertorier les chapeaux, toujours mentalement, puis j’ai fait des dessins de chapeaux. Finalement, je lui ai posé la question :

« - Est-ce que tu sais toi, à quoi il ressemble le chapeau de Kafka ? »

Il est tard et plutôt que de continuer mes recherches, je décide de dormir. La nuit, je rêve que je suis dans le bureau de mon ancienne directrice. Elle me questionne inlassablement sur ma santé mentale, alors je me décide à parler :
« -
C’est ce fantôme.
   - Ah, l
es fantômes, c’est comme le poker, on ne peut pas savoir tant qu’on n’a pas joué le coup. »

Au réveil, fiévreuse et confuse, je me dis que je devrais suivre ses conseils : prendre des leçons d'équitation, méditer et consulter mon animal totem tous les jours.

 

BOOOOOoooo_serigraphie.MOV

 

 

ANNEXES