06sept. 1999

DEPUIS PEU, TOUT VA MIEUX

 

Voilà deux jours, je suis tombée amoureuse d’un garçon que je ne reverrai jamais. Dès le matin, nous avons parlé :

- Tu sais je crois que je vais me couper les cheveux.
  - Ha, bon ! Pourtant les cheveux c’est comme les asperges, le plus beau, c’est le bout ”.

Depuis, j’ai aménagé dans un nouvel appartement avec mon amie qui n’aime pas l’autobiographie. C’est un appartement très chouet dans lequel il est impossible de dormir. Mais l’ascenseur arrive dans la salle de bains et c’est déjà ça. C’est ce que je dis à ma mère qui stresse un peu depuis que l’école des Beaux-arts veut m’envoyer le service contentieux et qu’un garçon qui ne connaît pas encore ma nouvelle adresse m’envoie chez elle des lettres incompréhensibles. Je lui ai envoyé une carte postale très bien de la collection : “ couleurs et lumières ”. C’est une photographie de la cité d’Empalot avec en premier plan deux terrains de handball très beaux.
Je passe mes journées sur mon ordinateur à essayer de configurer des logiciels et à envoyer des lettres d’insultes à des sortes de messagers qui me répètent sans cesse : “ You don’t have a DNS entry, please check the servername and try again ”. Si j’avais su que ce garçon était aussi sensible, je ne lui aurais pas envoyé cette carte. Evidemment. Cela me fait penser à un autre ami qui aurait tant aimé que l’on se rencontre dans une prochaine vie. Mais on fait ce qu’on peut, c’est ce que je dis à mes amis qui me demandent ce que je fais de mes journées. Et c’est déjà ça. Grâce à ce nouvel appartement, nous avons un nouveau voisin qui prépare un mémoire sur “ l’homme sans qualités ”de Robert Musil, il va beaucoup mieux puisqu’il vient d’acheter des anches pour son saxophone.
C’est en buvant des bières dans un bar que j’ai rencontré mon ex-tuteur. Dès que nous nous sommes vus, nous avons parlé :

- En fait, tu mènes ton monde par le bout du nez.
- Oui, en quelque sorte ”.